Tout savoir sur la descente de cime

Stress hydrique, manque de place, chaleur excessive…. Voici quelques-uns des raisons conduisant votre pin ou votre chêne à opérer une descente de cime. Ce terme, utilisé en sylviculture, désigne un double phénomène : un dépérissement depuis la cime de l’arbre, puis la création d’un houppier plus bas sur le tronc.

Le résultat, en plus d’être peu esthétique, a des répercussions graves pour l’arbre. Nous vous proposons ici de comprendre les facteurs conduisant à la descente de cime, à les combattre… et à donner à votre arbre toutes les chances de repartir !

Comment se manifeste la descente de cime ?

Les sylviculteurs tirent la sonnette d’alarme : les arbres des forêts françaises sont de plus en plus victimes de la descente de cime

Et malheureusement, chênes ou pins ne sont pas épargnés dans les jardins de particuliers. Petite précision, cette affection touche autant les feuillus que les persistants.

Concrètement, une descente de cime va se manifester par un dépérissement en haut d’un arbre qui ne souffrait jusqu’à présent d’aucun problème. Le houppier va alors se dégarnir, branche après branche, laissant une flèche quasiment nue.

L’arbre, plein de ressources, va alors générer une nouvelle cime plus basse. Son ancienne sommité, abandonnée, devient alors la proie des parasites et maladies de toutes sortes. Elle donne également à l’arbre en lui-même une allure un peu étrange, comme s’il avait frappé par la foudre.

A quoi est due la descente de cime ? Quels sont les signaux d’alerte ?

Le dépérissement d’un arbre s’explique rarement par une seule cause. Le dérèglement climatique, avec ses épisodes de chaleur intense, ses périodes de sècheresse et ses pluies violentes, vont induire un stress chez l’arbre. Mais en général, celui-ci peut se remettre (plus ou moins facilement) d’une canicule ou du stress hydrique.

D’autres raisons peuvent expliquer un dépérissement, comme le compactage du sol par des travaux à proximité ou un drainage déficient.

Alors, si la canicule sévit dans votre région, ou que les nappes phréatiques sont au plus bas, il se peut que votre frêne en pâtisse, sans pour autant risquer une descente de cime.

Inspectez bien votre arbre pour prévenir les risques. Certains signes doivent vous alerter, comme des coulées de sève, des blessures sur le tronc, mais soyez particulièrement attentifs à ces trois-là :

Une défoliation massive

Votre pin perd rapidement ses épines ou les feuilles de votre érable rétrécissent ou se recroquevillent, ce n’est pas bon signe. Eliminez des causes extérieures, comme des chenilles défoliatrices, une attaque de scolytes, ou une tavelure sévère. Si cette perte de feuillage correspond à plus des ¾ de la ramure du houppier, elle annonce une descente de cime.

Une fructification naine

Etonnamment, un arbre en souffrance donne beaucoup de fruits. C’est une réaction de défense face aux attaques, mais cette solution relève un peu de la dernière salve… Dans certaines forêts de chênes, les arbres touchés par le dépérissement présentaient ainsi des glands 30% moins gros que la moyenne. Or, sur une fructification d’une qualité médiocre, rares seront les fruits qui arriveront à germer.

La présence de champignons

Nous ne parlons pas de champignons comestibles comme le bolet ou d’autres à chapeau, mais de nuisibles. C’est le cas de l’armillaire couleur de miel : ce champignon jaune pâle se regroupe en botte au pied et sur le tronc de l’arbre. Sa présence condamne à plus ou moins brève échéance votre arbre. A repérer d’urgence.

Anticiper la descente de cime

En matière de dépérissement de la cime d’un arbre, il est recommandé de prévenir plutôt que de guérir. En premier lieu, achetez avec discernement : préférez un érable si votre sol est acide, un saule si votre sol est fréquemment détrempé, un chêne si vous avez beaucoup d’espace… Puis plantez en respectant bien les distances de plantation, afin de ne pas grever la croissance de votre arbre.

Bien planté, votre épicéa ou aulne pourra ainsi surmonter sans trop de conséquences la période de stress induite par un manque d’eau par exemple. Pour éviter toute déconvenue, la prévention est cependant reine.

Pailler au pied un arbre lorsqu’un épisode de canicule est annoncé lui évitera de trop puiser dans ses réserves racinaires. De même, assurer un bon drainage autour des racines de l’arbre, bien désherber autour du tronc ou encore amender régulièrement booste les défenses naturelles de votre conifère.

Soyez attentifs à toute attaque de parasites : scolytes ou gendarmes côté nuisibles, anthracnose ou rouille côté maladies, risquent d’affaiblir votre arbre. Au printemps, vous pouvez installer des pièges pour empêcher l’arrivée de chenilles comme la processionnaire du pin, qui défolient l’arbre.

Que faire en cas de descente de cime avérée ?

Continuez toujours à soigner votre arbre lorsqu’il est atteint de dépérissement.

Vous assistez, malgré vos précautions à une défoliation massive de votre arbre et à la création d’une nouvelle cime ? Continuez à chouchouter votre arbre, qui lutte pour s’en sortir. On sait combien il est précieux au jardin.

Continuez d’arroser et de fertiliser.  Examinez aussi toute atteinte grave qui se manifeste sur le tronc (chancres, blessures…) . Utilisez un fongicide comme la bouillie bordelaise pour circonscrire ces attaques.

Vous pouvez tailler les branches atteintes par la descente de cime. Quelques précautions sont cependant à prendre en compte :

  • Demandez conseil à un spécialiste (arboriculteur, jardinier-paysagiste) avant d’entreprendre une taille massive.
  • Utilisez un outil de taille bien désinfecté pour barrer toute arrivée de maladie.
  • Descendez le houppier malade en toute sécurité, grâce à des cordes
  • Une fois la taille effectuée, utilisez un mastic cicatrisant qui repoussera les appétits des nuisibles

La descente de cime est une alerte sérieuse pour la survie de votre arbre au jardin. En se débarrassant de son houppier, il alerte sur des conditions de culture peu favorables, comme une chaleur excessive ou un manque d’eau. Aidez-le donc de votre mieux, et acceptez que, malheureusement, persistants ou caducs souffrent. Peut-être sera-t-il temps d’envisager une nouvelle essence, plus adaptée à votre terrain ?

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