En hiver, la vie au jardin est comme suspendue : pelouse en jachère, futur potager sous paille et potées sous voile. C’est aussi le cas pour le compost tapi en fond de parcelle. La décomposition prend son temps et bien vite la question fuse : doit-on vraiment poursuivre le compostage pendant les mois d’automne-hiver ? Comment bien recycler la matière organique quand il fait si froid ? Nos réponses dans cet article !
Compostage hivernal : Comment continuer à recycler même quand il fait Froid
Le compost, est-ce que c’est toute l’année ?
Le compost d’hiver est comme celui d’été, mais au ralenti.
Un compost dégrade la matière organique pour la transformer en un amendement organique utilisable pour les plantes. Il fait pour cela jouer un ensemble de 3 bactéries.
Pendant l’hiver, les psychrophiles sont les plus sollicitées : elles s’activent en effet quand la température est basse pour décomposer épluchures ou autres. Le terrain est ensuite prêt pour l’arrivée des mésophiles, qui s’agitent quand la température oscille entre 20°C et 40°C.
En bout de chaîne se tiennent les bactéries thermophiles, actives à haute température. Elles sont responsables de la stérilisation du compost et aussi de la buée qui peut se libérer du tas de compost. En hiver, seul le cœur du compost peut éventuellement abriter ces thermophiles, le reste du compost n’abritera que l’activité des psychrophiles.
Si vous craignez que votre compost ne gèle totalement en hiver, sachez que c’est quasiment impossible. Les bactéries qui s’y emploient augmentent en effet naturellement sa température. Mais il n’en demeure pas moins qu’il est fortement ralenti.
C’est pourquoi vous pouvez continuer à composter en hiver, à condition de respecter quelques petites précautions.
Préparer son compost pour l’hiver
Commencez par l’hivernage de votre compost. Après l’avoir vidé du compost mûr pendant les plantations d’automne, remplissez-le à bon escient pour l’hiver.
Pour cela, vous allez puiser dans toutes les ressources du jardin. Le potager ne s’arrête pas spécialement en octobre : vous pouvez ainsi ajouter les fruits et légumes gâtés ou tombés. Pensez également aux déchets de taille, nombreux à cette saison, à passer à la broyeuse de végétaux au préalable.
Les terreaux issus des rempotages de jardinières (et les annuelles mortes) sont aussi de bons aliments pour votre compost.
Les feuilles d’automne se ramassent à la pelle et peuvent rentrer dans la pile de compost. Attention cependant à ne pas incorporer des feuilles malades et en trop grande quantité, au risque de déséquilibrer le compost.
Mieux encore, conservez les feuilles mortes en tas, de préférence sur un grillage un peu surélevé pour que l’eau résiduelle puisse s’écouler. Vous pourrez piocher dedans pour composer un tas équilibré azote-carbone pour votre compost.
Par ailleurs, l’hiver se prête particulièrement à ces gros plats réconfortants que sont les ragoûts ou les soupes : autant dire que les épluchures de carottes, choux ou navets sont légion ! Il serait dommage de ne pas profiter de cette manne…
Ensuite, pour bien entretenir votre compost, voici les trois paramètres à garder en tête :
La matière organique
La matière organique ne manque pas en automne-hiver. Comme d’habitude, ne nourrissez pas votre compost à tort et à travers : la viande et les produits laitiers sont bien sûr prohibés.
Alternez matières carbonées et azotées, et découpez-les en petits morceaux pour accélérer le processus de décomposition.
L’humidité
En hiver, il vous faudra équilibrer le taux d’humidité de votre compost. Trop humide, il ne dégrade pas la matière et surtout il est vulnérable au gel. Trop sec, le compost ne se dégrade pas non plus et peut même sentir.
Pour cela, déplacez-vous et ajoutez de la matière sèche (paille, pelouse) ou arrosez si besoin.
L’oxygène
Retourner ou non son compost en hiver ? Les opinions divergent à ce sujet : certains disent que ce geste stoppe la dégradation, d’autres soutiennent le contraire.
Le plus simple est de ne sortir la fourche que pour amalgamer les nouvelles épluchures aux anciennes de manière superficielle. Ne mélangez les couches qu’une fois ou deux dans la saison.
Solution 1 : continuer à composter en extérieur
Protégez votre composteur. La température idéale au centre est de 60°C, le lendemain d’un apport de matières fraîches. Activez la dégradation de la matière naturelle en réchauffant votre compost. Pour cela, isolez-le :
- Entourez-le de paille ou de feuilles mortes, voire de bûches
- Recouvrez-le de cartons, papier-bulle ou encore d’un vieux paillasson ou tapis.
- Refermez le couvercle si votre bac en est muni.
Certains jardiniers recommandent aussi de creuser un peu le tas de compost afin qu’il soit en contact avec la terre. Il profitera ainsi d’une température plus agréable.
Le compost est ralenti mais pas arrêté : continuez à venir lui rendre visite civilement une fois que le soleil pointe le bout de son nez. Remuez-le un peu, repérez les morceaux les plus grands qui mettront un peu de temps à se dégrader et enfouissez-le après les avoir réduits. Et surtout, profitez-en pour le mouiller et l’arroser.
Solution 2 : recycler au chaud en attendant le retour des beaux jours
Rapprochez votre compost pour ne pas affronter neige et froid en hiver (si vous habitez dans une région à hiver rude), en adoptant par exemple un second compost de petite taille près de votre maison.
Vous pouvez aussi stocker les épluchures à l’intérieur avant de les sortir. Certains recommandent de les stocker au congélateur dans des sacs zippés. Pour quelques jours, les conserver dans un sac dans le bac à légumes ou dans un seau à compost peut tout à fait suffire. Cette astuce vous évite la prolifération de mouches des fruits à la maison.
Lancez-vous dans le compostage d’intérieur : le bokashi ou le lombricompostage.
Le lombricomposteur peut se placer dans n’importe quel local protégé du gel (un garage par exemple). Il recycle les habituelles épluchures du quotidien, à l’exception des oignons et des agrumes. Vous pouvez même lui ajouter des coquilles d’œufs, des mouchoirs ou du pain après les avoir déchiquetés. Le « jus de compost » produit par le lombricomposteur pourra être versé dans votre jardin au printemps ou sur vos plantes d’intérieur.
Gardez en tête que composter, même en hiver, reste le plus sûr de moyen de réduire la taille de vos poubelles et de valoriser vos déchets verts. Même si le temps de dégradation est rallongé, placer les matières organiques au compost reste plus vertueux que dans la poubelle classique.
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