Main qui plante des graines dans la terre

Comment améliorer ses chances de réussir ses semis ?

Ils sont de plus en plus nombreux les jardiniers préférant semer pour voir pousser le fruit de leur travail au fil des jours. Faire le choix des semis au potager est, en outre, une solution saine, économique et gratifiante. Voici quelques conseils pour réussir vos semis au potager.

Les graines de chaque espèce ont des exigences différentes, et pour nous, jardiniers, il est toujours perturbant de réussir certains semis facilement, et d’échouer pour d’autres sans raison “évidente”. Dans la nature, chaque plante a un rôle propre dans son écosystème, un rythme spécifique, et une stratégie de reproduction et de multiplication unique. Donc les graines des différentes espèces ne mesurent “volontairement” pas les mêmes choses pour se “décider” à germer. Chacune a sa logique, afin de s’assurer d’amorcer son développement au moment le plus propice. On appelle la phase durant laquelle les graines attendent que les bonnes conditions soient réunies “phase de dormance”. Qu’est-ce qui provoque la levée de dormance, déclenche la germination ?

Quelle est la bonne profondeur pour mon semis ?

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Même sans feuilles, les graines mesurent la lumière. C’est assez surprenant, mais les graines possèdent à la surface de leur enveloppe un pigment qui mesure la lumière. Cela leur permet essentiellement de savoir si elles sont à la bonne profondeur. Ensuite, en fonction du type de graine, elles emploient cette “information” de manière variée. Les grosses graines – qui doivent être profondément enterrées – ne germent donc qu’en cas de manque de lumière, alors que beaucoup de petites graines ne germent que si elles sont exposées à la lumière en surface. Évidemment, certaines plantes – comme les haricots – y sont totalement indifférentes. La nature aime les différences…

Cette photosensibilité explique notamment pourquoi des graines germent juste après avoir été remontées en surface par un labour du sol, alors qu’elles ont passé des années en profondeur.
Vous savez maintenant pourquoi il faut bien vérifier à quelle profondeur chaque graine doit-être semée. On peut souvent le déduire de la dimension de la graine.

La dégradation par les éléments de l’enveloppe (le tégument) de la graine lui sert de “chronomètre”.

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L’enveloppe de la graine doit avoir été dégradée pour pouvoir laisser entrer l’humidité et permettre la germination. Donc, la constitution de cette enveloppe et la façon dont elle se dégrade permet de vérifier que certaines étapes clés ont été validées.
Par exemple, si vous mettez un noyau de prune dans l’eau et que vous attendez une semaine… il ne se passe absolument rien, et c’est normal ! Ce noyau doit valider l’étape “hiver” avant de pouvoir germer. Pour dégrader l’enveloppe extérieure, il faut l’action du froid, de la chaleur et l’action de micro-organismes du sol pendant un certain temps.
Pourquoi alors ma prune fait-elle ça, vous demandez-vous ?

Tout simplement parce que sinon elle germerait tout de suite en touchant le sol, elle se retrouverait au milieu d’une végétation estivale bien développée, et en plus elle n’aurait pas le temps de se préparer pour l’hiver. Quand l’enveloppe est suffisamment dégradée, l’humidité pénètre dans la graine. Cette dernière gonfle et la germination commence très vite.

Qu’est-ce qui influe sur la germination ?

Les conditions chimiques, climatiques, les autres plantes et les micro-organismes influent sur la germination.
La production hormonale – et l’équilibre entre inhibiteurs et stimulateurs – de la graine varie en fonction de la lumière, de la chaleur, et de l’humidité. Ces hormones provoquent la germination une fois qu’elles ont atteint un certain taux. Le maintien de dormance ou sa levée sont aussi le résultat de processus chimiques – certaines graines vérifient la composition du sol – humidité, acidité, fertilité – et parfois même la présence d’adultes de la même espèce.
Petite anecdote à ce sujet : la décomposition du feuillage caduque de certains arbres – comme le chêne – libère dans le sol des inhibiteurs de germination !

chêne vert

Quand et comment semer ses graines de légumes en serre ou sous châssis ?

semi potager en pot

Prenons l’exemple des choux : on démarre les semis sous châssis ou en serre à partir des mois de février – mars. En procédant ainsi, vous gagnerez du temps, vous éviterez les attaques de limaces et vos semis ne risqueront pas d’être détruits par les épisodes de gel ou de grêle fréquents à cette période de l’année. Lorsque vos plants auront entre 4 à 6 feuilles, vous les planterez en terre en leur laissant de l’espace. Les choux ont besoin de place (50 à 60 centimètres entre chaque plant). Ils apprécient la compagnie des laitues, des pois, des chicorées, des tomates, mais ne placez pas vos choux de Milanchoux cabusbrocolis, ou romanesco à côté des autres brassicacées (crucifères), des navets, de la mâche, du poireau ou des fraisiers, car ils souffriraient pour se développer.

Les légumes du midi, quant à eux, sont plus frileux. L’aubergine violette de Barbentane, le piment doux très long des Landes, le poivron California Wonder, doivent être semés de mars à mai, car ils ont besoin idéalement d’une température de 20 à 25 °C pour bien pousser.

Quand et comment semer ses graines de légumes en pleine terre ?

jardinier sème des graines au potager

Semez les radis roses et croquants à souhait de mars jusqu’en septembre. Les enfants adorent semer les radis de 18 jours : de culture très facile, ils poussent vite et ce sont les premiers légumes printaniers que l’on déguste !
Les petits pois se sèment en avril – mai. Les oiseaux raffolent de leurs tendres graines, donc n’oubliez pas de protéger vos lignes de semis avec un voile, le temps de la levée.

Les haricots verts se sèment en poquet lorsque la terre est plus chaude, du mois de mai jusqu’au mois de juillet, quelle que soit la variété : haricot mangetout Purple Queen, haricot à rames Phénomène ou haricot nain Cupidon. Le semis en poquet est utilisé pour les grosses graines (pois, haricots, courges, maïs…), on place dans chaque trou 3 à 5 graines à intervalles réguliers.

Les règles à retenir pour réussir vos semis

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  • La graine est un organisme vivant en dormance, qui attend le bon moment pour libérer son potentiel génétique.
  • Même si on applique toujours la même méthode quand on sème, les résultats restent variables. Les graines mesurent davantage de facteurs que nous.
  • Toutes les graines ne sont pas fertiles – certaines n’ont jamais été fécondées, d’autres ont été abîmées, donc ne vous attendez jamais à une réussite de 100%.
  • Mieux vaut éviter de semer la même espèce au même endroit plusieurs fois de suite, car en plus d’avoir épuisé les ressources, certaines ont des inhibiteurs de germination destinés à leurs propres graines.
  • Enterrez vos graines sous une à deux fois leur épaisseur de terre
  • Tassez légèrement vos lignes de semis avec le dos du râteau ou une petite planche
  • Arrosez bien et finement avec le pommeau de l’arrosoir
  • Si vous semez dans une mini-serre ou sous châssis, il est important de drainer en disposant au fond des billes d’argile ou des cailloux
  • Pour un bon développement de vos graines, privilégiez un terreau spécial semis ou bouture.
  • Même si vous ne disposez que d’un petit espace sur un balcon ou une terrasse, n’hésitez pas à semer des plantes aromatiques comme le thym d’hiver, la ciboulette commune bio, la menthe crépue ou bien des légumes à faible développement et faciles pour les débutants, comme le kit tomate cerise Tiny Tim, par exemple.
  • “Stratifiez” vos graines et faites-les tremper : de manière générale, les techniques de “stratification”, qui visent à user par l’action du froid ou mécaniquement l’enveloppe de la graine, accélèrent considérablement la vitesse de levée des plants. L’enveloppe doit laisser passer un peu d’humidité pour que la graine gonfle et finisse de la déchirer.
  • Seule compte la chaleur moyenne du sol, pour vos graines. Plus la chaleur moyenne est élevée, plus la levée est rapide. Ne semez donc pas trop tôt. La chaleur atmosphérique ne vous sert pas pour savoir si c’est le moment de semer. D’où les soucis de semis sous un paillage qui garde la terre froide au printemps.
  • Parfois votre terre ne convient pas pour votre semis. Si la composition du sol ne lui convient pas, la graine reste en dormance.  Malheureusement, la composition chimique du sol nécessaire pour semer une variété est rarement précisée sur le paquet… Il faut alors essayer avec différents mélanges.
  • Regardez bien la taille de votre graine avant de décider de combien vous la recouvrez – c’est généralement équivalent à 1 ou 2 fois la taille de la graine.
  • Au moment de la germination, les graines respirent vraiment pendant plusieurs heures, il faut de ce fait un mélange pas trop compact. C’est pour ça qu’on ajoute systématiquement du sable à la terre.
  • Maintenant que vous savez tout ça, soyez fier à chaque semis réussi ! Parce que vous ne soupçonniez surement pas qu’il y avait tant de conditions à remplir.
  • Attendez d’avoir au moins deux vraies feuilles pour manipuler les jeunes plants.
  • La photosynthèse ne débute pas tout de suite, donc les plantules n’ont pas immédiatement besoin de lumière. Elles vivent sur leurs réserves. En revanche, si l’absence de lumière se prolonge, certains semis “filent”.

Quelques idées reçues

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  • “Semer dans un milieu fermé – type mini-serre – limite le risque de “choquer” ses semis avec des écarts de température”. Oui sauf que les champignons et les bactéries parasites adorent, eux aussi, ce genre de milieu, alors certes, on a un beau semis… qui fond deux semaines plus tard.
  • “La graine mesure la lumière, donc elle germe quand la luminosité lui convient”. C’est vrai sous les tropiques, mais en milieu tempéré la graine utilise la lumière pour vérifier qu’elle est à la bonne profondeur, pas pour mesurer l’intensité lumineuse. Tant que la chaleur lui convient, elle peut tout à fait germer avec une lumière moyenne insuffisante.
  • “Il faut travailler la terre en profondeur avant de semer.” A priori, tant que la graine est bien au contact d’un sol qui lui convient et qu’elle est recouverte comme il faut, que la terre soit dure 20 cm en dessous lui est parfaitement égal.

Peut-on et comment récupérer les semis qui filent ?

En cette fin d’hiver, les jardiniers et jardinières trépignaient derrière leurs carreaux comme des enfants à l’approche de noël, et beaucoup finirent par sauter le pas : ils firent leurs premiers semis à l’intérieur. Dans bien des cas, ce qui devait arriver arriva ; le semis fila !
Derrière cette expression imagée se cache une réalité simple : si on sème à l’intérieur, la graine reçoit le signal chaleur et le signal humidité qui lui servent de feu vert pour germer. Certaines graines mesurent la qualité de la lumière, mais surtout pour savoir si elles ne sont pas enterrées trop profond, pas pour déterminer la saison. Pour la graine, une température autour de 20 °C ou plus annonce qu’elle est en mai, en plein soleil. Sauf qu’elle ne bénéficiera dans nos habitations que d’une maigre part de la lumière du mois de mars !

Reconnaître des semis qui filent

Si vos plantules commencent à avoir une tige très longue tige avec deux misérables “cotylédons” – qui sont les deux premières “feuilles” – méfiance.
À l’inverse, des semis bien développés ont une taille correctement proportionnée entre cotylédons – c’est le nom des deux premières feuilles – et la tige.

  • Premier cas : vous réagissez très vite.

Si vous remarquez très vite que vos semis sont chétifs et filent : placez-les à la lumière – si vous pouvez – et tout ira bien. Certains utilisent des lampes horticoles spéciales, ou de simples néons. Le mieux est une pièce mieux éclairée ou une véranda.

  • Second cas : vous avez semé des tomates ou des aubergines.

Vous pouvez tenter de “remonter le niveau de la terre” par un surfaçage.
Les tomates et les aubergines peuvent former des racines sur leurs tiges. Donc, en les “surfaçant” – en remontant le niveau de terre dans le pot ou en les repiquant plus profondément, vous pouvez leur faire transformer en racines toutes ces tiges inutiles. La réussite n’est pas garantie si les plants sont déjà très affaiblis.

  • Troisième cas : vous avez semé d’autres espèces en intérieur que des solanacées.

Vos plants ont utilisé presque toute leur énergie à faire de la tige, et ils manquent cruellement de racines. Autant dire que le retour sur  investissement est nul. Même si vous les gardez, ils resteront probablement malingres et fragiles face aux parasites. Vous gagnerez du temps à recommencer vos semis un peu plus tard, quand la durée d’ensoleillement journalier se sera allongée.

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