Si, pour les amoureux de la Nature et les promeneurs, l’automne est la promesse d’un spectacle flamboyant aux couleurs orangées, rouges et jaunes, pour les jardiniers, l’arrière-saison est synonyme de nombreux travaux. Avec les arbres et arbustes caducs qui se dénudent, les feuilles qui jonchent le gazon ou le sol des massifs, il est plus que tentant pour l’ami des plantes de sortir le râteau et le sécateur afin de procéder à un nettoyage complet. Pourtant, ce geste, bien ancré dans les habitudes, n’est pas naturel. Il peut même s’avérer néfaste pour votre écrin de verdure. Il est donc temps de découvrir pourquoi il est important de ne pas trop nettoyer son jardin en automne.

Pourquoi ne pas trop nettoyer son jardin en automne ?
Un jardin « propre » n’est pas toujours un jardin en bonne santé
Si, pour le corps humain, un excès d’hygiène peut parfois être délétère, il en va de même pour le jardin.
Le sol : un élément vivant de votre jardin
La Nature est vraiment bien faite :
- Dans un premier temps, les plantes captent les éléments minéraux contenus dans le sol pour se développer.
- Ensuite, lorsque les feuilles tombent, elles se décomposent et les éléments minéraux retournent à la terre, de nouveaux disponibles pour les végétaux.

En nettoyant systématiquement votre jardin, vous interrompez ce cycle. Le sol s’appauvrit progressivement et, au bout du compte, vous devez l’amender avec du compost ou des engrais pour nourrir vos plantes.
De plus, les tiges, branches et feuilles mortes tombées au sol forment un amas de matière organique que l’on appelle la litière. Celle-ci est importante à plus d’un titre : elle fertilise la terre, limite l’érosion et améliore la biodiversité.
Moins de travail, plus de résultats
Même pour vous, il y a des avantages à moins nettoyer votre jardin. En effet, contrairement à ce que l’on pourrait penser, un jardin trop nettoyé demande plus d’efforts : il faut évacuer les déchets, acheter du paillis ou du compost, et souvent intervenir plus tôt au printemps afin de relancer la vie du sol. En adoptant une approche plus naturelle, vous gagnez du temps et de l’énergie, tout en favorisant la biodiversité.
Les bienfaits d’un jardin moins nettoyé en automne
Pour la faune : une ressource vitale
Si la Nature ralentit à l’arrivée de l’automne, elle reste néanmoins active, notamment au niveau du sol, où toute une faune s’affaire encore. Cette dernière permet notamment de dégrader la litière et d’entretenir le cycle de la matière organique.
Néanmoins, les feuilles mortes, les brindilles et branches tombées permettent également à tous ces petits habitants de trouver un refuge salvateur pour l’hiver. Comme le hérisson, qui se sert de ces éléments pour se constituer un nid douillet et hiberner au chaud. Quant aux insectes, ils peuvent se réfugier sous une couche de feuilles qui les isolera du froid et du gel. À ce titre, les racines de vos plantes se trouvent également protégées en cas de gelées prolongées.

Il n’y a pas que la faune du sol qui peut être affectée par un nettoyage trop consciencieux du jardin. En effet, lorsque vous coupez les fleurs fanées ou que vous rabattez vos arbustes, les graines et les baies ainsi éliminées sont autant de ressources vitales qui disparaissent pour les oiseaux et autres petits animaux.
Pour la flore : des semis naturels et une meilleure résistance
Ne pas trop nettoyer son jardin en automne, c’est également permettre à vos fleurs de se multiplier naturellement. En effet, avec le vent, les graines se sont déjà déposées au sol et ont amorcé leur développement. Au fil des ans, grâce à la répétition de ces cycles, une sélection naturelle s’opère et vous obtenez alors des plantes plus résistantes, que ce soit aux maladies ou à la sécheresse. Le ramassage des feuilles (manuel ou mécanique) vient interrompre ce cercle vertueux.

Pour le sol : une protection et un engrais naturels et gratuits
Nous l’avons vu, la matière végétale tombée au sol agit comme fertilisant naturel pour ce dernier. Elle permet également de protéger la terre, comme peuvent le faire les paillis que l’on trouve dans le commerce, mais gratuitement. Ainsi, lorsque les beaux jours reviennent au printemps, et que le sol se réchauffe, les mauvaises herbes apparaissent moins rapidement.

Que laisser en place et comment faire ?
Les feuilles mortes : à garder (presque) partout
Selon leur emplacement, les feuilles mortes peuvent être très utiles ou, parfois, gênantes. En réalité, il n’y a qu’un seul cas de figure où il est préférable de nettoyer votre jardin en automne : pour retirer le tapis de feuilles mortes du gazon. En effet, en trop grande quantité, elles auront tendance à asphyxier votre pelouse et à favoriser les maladies. Il est donc recommandé de déplacer ce lit de feuilles mortes vers une zone où il sera plus utile. Dans un massif de fleurs par exemple.
Si vous avez repéré la présence d’un hérisson, n’hésitez pas également à lui laisser un petit tas rien que pour lui. Soit il se réfugiera en dessous, soit il s’en servira pour isoler son nid douillet.

Les tiges, graines et baies : des abris et des réserves de nourriture
Les insectes se faisant plus rares en automne et en hiver, les oiseaux n’ont plus que les baies ou les graines pour se nourrir. Ne taillez pas tous vos végétaux, et laissez-en une partie pour la faune encore en activité. Quant aux tiges, certaines d’entre elles – notamment les creuses – servent de refuge à quelques insectes qui entrent en diapause, équivalent de l’hibernation chez certains animaux.
En outre, en plus de nourrir la faune, certaines tiges s’avèrent particulièrement esthétiques avec le gel hivernal. C’est d’ailleurs souvent le cas avec les têtes de tournesols, ou les épis de graminées comme l’eulalie (Miscanthus sp.), l’herbe aux écouvillons (Pennisetum sp.) ou encore la stipe géante.

Les zones sauvages : un coin de nature préservée
Si vous avez la chance de posséder un grand jardin, n’hésitez pas à laisser un coin avec le moins d’entretien possible. Vous permettrez alors à la Nature de reprendre ses droits et favoriserez le développement de la biodiversité.

Les gestes à éviter et les alternatives écologiques
Si certains gestes sont déconseillés (voire tout simplement interdits), d’autres, en revanche, sont d’excellentes solutions pour combler vos envies de nettoyage, sans pour autant perturber la Nature.

À éviter
- Brûler les feuilles : au-delà de son interdiction pure et simple (Loi n° 2020-105 du 10 février 2020 relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire), l’incinération des déchets verts détruit la matière organique et pollue l’air.
- Tout ratisser : nous l’avons vu, en agissant ainsi, vous privez le sol et la faune de ressources essentielles.
- Utiliser des souffleurs bruyants : ils troublent les animaux et consomment de l’énergie. En outre, pour les modèles thermiques, le mélange de carburant et d’huile deux temps est particulièrement polluant.
Alternatives
- Ramasser à la main et avec parcimonie : utilisez un râteau ou un balai à gazon pour déplacer les feuilles sans tout enlever.
- Pailler avec ce que vous avez : feuilles, tontes, branchages… Tout peut servir !
- Composter sur place : transformez vos déchets verts en terreau que vous pourrez ensuite réintroduire dans le sol.

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